Dernièrement, je me suis lancé dans une petite réflexion personnelle suite à mes divers travaux réalisés au sein de l'université. C'est par ailleurs un monde que j'ai quitté il y a un an et
je ne regrette pas! L'énergie que l'on vous demande dans un Master Recherche est telle qu'il faut savoir gérer la pression.
Et pourtant, cela ne m'a pas empêcher d'en faire deux ans de suite. Peut être parce que la première année, le fait de vouloir travailler sur la Norvège et son histoire m'ont donné le
stimuli nécessaire à la réalisation de ces travaux. Imaginez vous en train d'écrire un travail de recherche s'intitulant :
"Résistance franco-norvégienne : parallélismes et divergences d'un courant (1940-1942)"
Belle prouesse que déjà avoir fait un titre à rallonge qui ne dis rien et qui dis tout à la fois. Oui, l'art du mémoire, c'est de vous faire dire des choses que même votre inconscient ne saurait
interpréter. Avec un peu de recul, on remarque que ce travail n'est souvent pas réalisé par nous ni pour nous. Intrinsèquement nous voulons donner le meilleur de nous même pour nous faire voir de
nos pairs universitaire, à commencer par votre directeur de recherche.
On passe pas mal de temps à éplucher les archives, à apprendre des langues et des coutumes pour mieux décrypter les signes d'une communauté, d'un pays qui nous échappe. On se met à rêver de
publier une thèse plus tard, en allant pendant trois ans à l'université d'Oslo pour y faire d'éventuelles recherche sur la place de la famille royale au sein du processus d'Occupation
norvégien... On rêve... et on se prend un mur. Peut être parce qu'à l'origine, nous nous sommes mis une telle pression qu'elle en est devenue intenable.
Avec le recul, et une seconde année de Master dans les talons, j'ai pu faire une petite auto-critique de ce travail, certes enrichissant mais épuisant. Épuisant physiquement mais surtout
intellectuellement car il prend une telle place dans votre vie que vous ne vivez que pour cela. Au point de vous couper du monde. Et puis en y réfléchisant bien, ce mémoire on l'écrit non pas
pour nous mais pour les autres. Je parlais de reconnaissance de ses pairs ; cela vous a peut être surpris mais j'ai parfois l'impression qu'une exigence plane sur l'étudiant en Master Recherche,
que quelqu'un est là et qui lui dis "attention, ne fais pas comme ci, ne fais pas comme ça, tu vas droit à la catastrophe", ou bien encore "ton travail n'est pas assez structuré" alors que vous
venez pour la 5ème fois présenter un plan détaillé de trois pages suite à la lecture de 65 bouquins (dont un tiers en anglais) et que pour la plupart il vous a fallu emprunter ailleurs que dans
votre université. Au final, c'est bien un rêve de consécration que l'on poursuit en s'obstinant à finir un mémoire de recherche. Et c'est peut être aussi pour cela que nous avons de moins en
moins d'étudiants qui s'y pressent. Moins de 10 en Master Histoire Contemporaine (1789 à nos jours) pour un campus universitaire qui compte 27000 étudiants !
Peut être, pure hypothèse personnelle, vaut-il mieux écrire son mémoire comme on à envie de le faire, non pas pour plaire aux autres mais parce que l'on a envie d'écrire ceci et pas cela! Après
tout, la soutenance est faite pour vous permettre de vous exprimer sur vos choix de sujets.